La maison abandonnée de Andrée Damant, là où elle est morte, et sa valeur nette

 

12 ans que je fais ce festival, c’est à cause mesdames messieurs, son visage vous est sûrement familier. Elle était cette voisine au parl chantant, cette vieille dame espiègle du sud que l’on retrouvait dans tant de séries françaises. Mais lorsqu’André Damant s’est éteinte le 6 décembre 2022, il n’y eut ni hommage national, ni cérémonie publique, ni même une ligne dans les grands journaux du soir.

 Celle qui avait incarné la chaleur des quartiers populaires, l’âme méridionale du petit écran, est partie dans un silence presque total. Pas un mot sur les plateaux, pas de message officiel. Comment une actrice que toute la France reconnaissait a-t-elle pu mourir sans que personne ne la remarque ? Était cela le destin cruel réservé au visage secondaire du cinéma français ? Ce soir, nous revenons sur une vie faite de petits rôles mais de grande présence et sur une disparition qui en dit long sur notre mémoire collective. André Damand

est né le 20 septembre 1929 à Avignon en Provence. Très tôt, elle est fascinée par le théâtre et les arts du langage. Elle suit des études de lettrre avant d’intégrer le conservatoire national supérieur d’art dramatique à Paris. Une rareté pour une jeune femme de province à l’époque. Ses débuts se font sur les planches dans des pièces classiques et contemporaines, mais c’est la télévision qui la rend peu à peu reconnaissable grâce à sa diction chantante et son accent du midi qu’elle revendique comme une marque identitaire.

Durant les décennies 70-0, et 90, elle apparaît dans d’innombrables productions, téléfilms, séries, comédie populaires où elle joue systématiquement la voisine curieuse, la tante excentrique, la vieille dame à la guaille bienveillante. Ses rôles lui valent une immense reconnaissance, sans célébrité. Elle fait partie de ces actrices dont on connaît la voix et la silhouette sans jamais retenir le nom.

 Sa présence marquante dans plus belle la vie, scène de ménage, Joséphine, Ange Gardien ou encore dans le fabuleux destin d’Amélie Poulin confirme cette image. Un pilier discret du paysage audiovisuel français. Pourtant, elle n’a jamais été nommée aux Molières, ni au César, ni au 7 d’or malgré une filmographie comptant plus de 80 titres.

En coulisse, elle est décrite comme d’une générosité absolue, toujours volontaire pour aider les jeunes comédiens et attaché au tournage en mégion. Très engagée dans la défense du patrimoine culturel provençal, elle collabore souvent avec des compagnies locales. Elle n’a jamais cessé de travailler, jouant encore en 2020 à plus de 90 ans.

 Mais derrière cette fidélité au métier se cache aussi une réalité plus. Son attachement au second rôle n’a jamais été un choix artistique revendiqué, mais une sorte de destin imposé par une industrie qui ne valorise pas les visages familiers hors du vedariat. “On m’appelle quand il faut une vieille du sud, jamais pour autre chose”, aurait-elle confié dans une rare interview à la Provence.

Elle n’a pas fondé de famille. Sa vie privée est restée dans l’ombre, tout comme sa carrière. Pas de scandale, pas de divorce, pas de scoop à révéler. Et peut-être est-ce cela qu’il l’a rendu si indispensable et si facilement oublié ? L’appartement d’André Damand, situé dans le quinzee arrondissement de Paris, était plongé dans le silence ce matin du 6 décembre 2022.

 Il avait fallu plusieurs appels sans réponse de la part d’une amie proche, comédienne retraitée elle aussi pour qu’une intervention soit demandée. Les secours entrèrent peu après-midi. Elle était là, allongée dans son fauteuil. comme endormi. Selon le rapport médico légal consulté par le Parisien, elle serait décédée d’un arrêt cardiaque survenu de jours auparavant, sans signe de lutte, sans aucune trace de violence ou de médicaments anormal.

Aucune déclaration publique ne fut faite immédiatement. La formation fut d’abord relayée discrètement par un court encart sur le site Avignon Off, plus par la SACD quelques jours plus tard. Aucun communiqué du ministère de la culture, aucun hommage dans les grands médias audiovisuels. Sur les réseaux sociaux, quelques anciens collègues de tournage exprimèrent leur tristesse, mais très vite, le fil de l’actualité passa à autre chose.

La chaîne TF1, pour laquelle elle avait tourné plusieurs fois dans Camping Paradis et Joséphine Angardien, ne diffusa pas de message. France Télévision, malgré ses apparitions dans plus belle la vie, ne mentionna rien dans ses journaux télévisés. Sur Wikipadia, il fallut attendre plus de 48 heures pour que la mention de sa mort soit ajoutée à sa fiche par un internaute inconnu.

Ce mutisme généralisé a interpellé certains professionnels. Un journaliste de Telérama osa écrire un billet intitulé “Mourir sans projecteur”, dénonçant cette indifférence. Nous avons tous reconnu son visage au moins une fois, mais aucun d’entre nous ne s’en est souvenu quand il aurait fallu dire merci. Ce fut l’un des rares articles à aborder le sujet.

Aucun service religieux public ne fut organisé. Selon d’un témoignage publié sur le site Dans nos cœurs, ces cendres auraient été dispersé dans une propriété familiale près de Sarémit Provence, sans présence médiatique ni cérémonie officielle. Il n’y eû pas non plus de faire part adressé aux institutions du spectacle vivant.

Ses amis proches, tous très âgé, évoquèrent une volonté de discrétion de la part de l’actrice elle-même. Mais plusieurs zones d’ombre demeurent. Pourquoi aucune association de comédiens n’a-t-elle pris la parole ? Pourquoi les syndicats du métier sont-ils restés silencieux ? Était-elle en conflit avec certaines instances ? Aucune source ne l’indique, mais son effacement final questionne car au-delà du choc de sa mort, c’est surtout l’absence de réaction collective qui frappe.

Ce sont souvent les figures les plus visibles qui paradoxalement disparaissent le plus discrètement. Et le cas d’André Damand cristallise ce paradoxe. Elle faisait partie du décor télévisuel français et pourtant sa mort a glissé hors champ. Une disparition sans bruit dans un monde de bruit permanent.

 Une sortie sans adieux dans une époque qui ne jure que par les hommages numériques. Au moment de sa disparition, André Damand ne possédait pas de grandes fortunes. Contrairement à certaines stars de la télévision, elle n’avait jamais bénéficié de cachet mirobolant ni de contrat d’ambassadrice. La majorité de ses revenus provenaient de petits rôles ponctuels, souvent rémunérés à la journée ou selon des barês syndicaux peu avantageux.

Selon une estimation publiée par le magazine Téléoisirs en 2023, sa fortune nette au moment du décès aurait été inférieur à 100000 €. Elle résidait dans un modeste appartement en location dans le 15e arrondissement de Paris. L’appartement a depuis été reloué. Aucun bien immobilier ne figurait dans sa succession.

 Son mobilier et ses effets personnels ont été confiés à une société de débarras comme l’indique une facture retrouvée dans les documents administratif déposé aux greffes. Aucune fondation, aucun testament médiatisé, aucun héritier célèbre n’a été mentionné dans les semaines suivantes sa mar. Un petit compte bancaire au Crédit Agricoles de Provence contenant un soldeviron 17000 € a été mentionné dans l’avis de succession publié au journal officiel des successions.

 L’ensemble des biens, incluant quelques bijoux anciens, des manuscrits de pièces de théâtre et une correspondance privée, a été cédée à une nièce éloignée vivant à Harle, seule héritière légal identifiée par le notaire en charge du dossier. Mais c’est sur le plan des droits d’auteur que la situation révèle un vide saisissant.

 Bien qu’elle ait jouée dans plus de 80 œuvres audiovisuelles, André Damand n’avait que peu de contrat stipulant des droits de rediffusion ou de redevance. Dans les années 80 et 90, la plupart de ces interventions n’étaient pas déclarées en droit résiduel. Résultat, presque aucun revenu postume. Son nom n’apparaît dans aucun des registres sassè ou sacédé pour des sommes significative.

Il y a eu ni litige ni procédure judiciaire autour de sa succession. Tout s’est réglé en silence dans une grande simplicité. Cette absence de conflit, bien que rare renforce l’idée d’une carrière modeste vécue sans luxe ni scandale, mais elle soulligne aussi une vérité plus crue. Même après une vie entière donnée au métier, certains artistes ne laissent derrière eux ni maison de campagne, ni tableau de maître, ni royalty spéren.

Le seul patrimoine public conservé d’André Damand reste une poignée d’extrait vidéo disponible sur YouTube et quelques souvenirs collectifs flou éparpillé parmi les téléspectateurs français. Aucun musée, aucun hommage régional n’a été initié. Même à Avignon, sa ville natale, aucune plaque n’a été posée.

 Une célébrité sans trace, une mémoire sans inscription. Et pourtant, elle faisait partie de nos vies. Le 6 décembre 2022, il est environ 10h45 lorsque la gardienne de l’immeuble, alerté par une amie inquiète, accompagne les pompiers jusqu’à la porte du petit appartement d’André Damant. Personne ne répond.

 La serrure est ouverte à l’aide d’un pass. À l’intérieur, l’air est lourd. Les volets sont clos. Le poste de télévision est resté allumé, figé sur une chaîne de rediffusion. Le corps est retrouvé dans le fauteuil du salon en robe de chambre un livre posé à ses pieds. Les secours notent l’absence de signe de lutte ou de désordre. Un médecin du SAMU confirme le décès survenu au moins 48 heures auparavant.

Le carnet de santé retrouvé sur la table indique un suivi pour hypertension et une fragilité cardiaque. Le décès qualifié de naturel causé par un arrêt cardiaque silencieux. Aucune autopsie n’est demandée. La mort ne présentant pas de caractère suspect. L’amie qui avait donné l’alerte, Françoise, ancienne costumière à France 3, déclare au pompier qu’André n’avait pas de proche direct à Paris.

 Elle se voyait encore parfois pour un café en bas de l’immeuble, mais les rencontres étaient devenues rares depuis la pandémie. Elle était encore vive, pleine de mémoire, mais fatiguée. Elle disait souvent que les gens passaient devant elle sans plus la voir. Le lendemain, les services funéraires récupèrent le corps. Une crémation est organisée discrètement au crématorium du père Lachaise en présence de trois personnes : Françoise, un comédien retraité et un voisin.

 Aucun représentant des chaînes pour lesquelles elle a travaillé, aucun journaliste, aucun collègue célèbre. Une cérémonie sobre, sans fleurs, sans discours, sans photos de l’artiste sur un chevalet. Le registre du crématorium indique que les cendres ont été confiées à Françoise qui les aurait ensuite emmené dans le sud comme André l’avait souhaité.

 Un adieu sans fanfare, sans caméras, sans mots public. Juste un silence qui en disait long. Dans les jours qui suivent, aucune des pêche à FP ne mentionne son nom. Pas de minutes de silence sur les plateaux, pas même une rediffusion en hommage. Le rideau est tombé sans bruit sur celle qui pourtant avait tant de fois accompagner nos soirées.

 Et alors, chers téléspectateurs, une question nous étint. Que reste-t-il d’une vie d’artiste quand les projecteurs s’éteignent et que la salle est déjà vide ? André Damant n’a laissé ni fortune, ni fondation, ni descendance, mais elle a laissé quelque chose de plus fragile, une empreinte. Celle d’un visage reconnaissable entre 1000, celle d’une voix chantante venue du midi, celle d’une présence qui réchauffait l’écran sans jamais s’imposer.

Pourtant, même cette mémoire là s’efface déjà. Aucun documentaire, aucune rétrospective, aucune archive majeure ne lui est consacrée. Les jeunes générations ne connaissent plus son nom. Les plateformes de streaming ne proposent pas ses apparitions. Et dans un monde où la célébrité se mesure en abonnés et en viralité, elle n’a pas laissé de trace.

Elle a existé pleinement mais sans archive. Elle a joué sans jamais dominer. Elle a vécu sans qu’on la célèbre et elle est partie sans qu’on la pleure. Alors, mes chers téléspectateurs, souvenez-vous, parfois les étoiles les plus discrètes sont celles qui ont le plus brillé dans nos souvenirs communs. La gloire est une lumière cruelle.

 Elle éclaire certains, mais en laisse tant d’autres dans l’ombre. M.