L’OUBLI QUI FAIT MAL : POURQUOI LA BRETAGNE EST RAYÉE DE LA CARTE DU « XXL TOUR » D’ORELSAN, LAISSANT DES MILLIERS DE FANS EN COLÈRE.

L’OUBLI QUI FAIT MAL : POURQUOI LA BRETAGNE EST RAYÉE DE LA CARTE DU « XXL TOUR » D’ORELSAN, LAISSANT DES MILLIERS DE FANS EN COLÈRE.

Orelsan annonce une nouvelle tournée en 2026 : voici quand il sera en  concert à Nantes

Rennes, France — L’onde de choc a traversé la France, semant l’enthousiasme sur son passage… sauf en Bretagne. L’annonce de la prochaine tournée d’Orelsan, baptisée sobrement le « XXL Tour », devait être un moment de fête unanime pour tous les passionnés de rap français. Avec 19 dates programmées dans les plus grandes enceintes de l’Hexagone et de la Belgique, le rappeur s’apprête à frapper fort, très fort. Pourtant, pour les Bretons, la célébration a vite tourné à la déception, puis à l’amertume, et enfin à une colère froide qui gronde désormais sur les réseaux sociaux. Leur star, l’une des plus respectées et suivies du paysage musical, a tout simplement omis la péninsule de sa cartographie. « Et nous, alors ? », ce cri de cœur résume la frustration d’une région qui se sent oubliée, voire snobée, par une star qui a toujours pu compter sur sa ferveur.

L’absence de la Bretagne sur cette tournée n’est pas qu’un simple fait divers de l’agenda des concerts ; c’est un véritable électrochoc qui met en lumière les failles structurelles de l’accueil de grands événements musicaux dans l’Ouest, et soulève la question de la place réelle des métropoles bretonnes dans le circuit des superstars. Analysons les raisons, l’impact et la profonde déception générée par cet « Oubli XXL » qui fait souffrir des milliers de fans fidèles.

 

Le Grand Oubli : Une Région Historiquement Acquise Ignorée

 

La Bretagne, et plus spécifiquement Rennes, a toujours été une terre d’accueil privilégiée pour Orelsan. La capitale bretonne, réputée pour sa densité étudiante et sa scène culturelle vibrante, a été une étape incontournable de ses tournées précédentes. L’artiste y a toujours rempli les salles, bénéficiant d’une base de fans non seulement nombreuse, mais également extrêmement loyale et engagée. C’est pourquoi l’annonce de la liste des villes choisies — Paris, Bordeaux, Lyon, Lille, Marseille, et notamment Nantes, le voisin immédiat — a eu l’effet d’une douche froide.

L’omission de Rennes est particulièrement symbolique. Historiquement, le Zénith de Rennes a été le point de ralliement des fans de la région. Voir que des villes de taille comparable ou même inférieure figurent sur la liste, tandis que Rennes est bannie, nourrit un sentiment d’injustice. La déception se mue en interrogation : pourquoi l’artiste, connu pour sa proximité et sa sincérité, tournerait-il le dos à l’une des régions qui lui a le plus donné ?

Ce n’est pas la première fois que la Bretagne fait face à ce genre de dilemme, mais l’ampleur de la tournée d’Orelsan rend cette absence plus cinglante encore. La Bretagne a pourtant une densité de population et un pouvoir d’achat qui devraient garantir le succès d’une telle entreprise. Le problème n’est donc pas la demande, mais bien l’offre, ou plutôt les conditions techniques de l’offre.

 

La Logistique Impitoyable du « XXL Tour » : La Taille Compte

 

La raison principale de cet “oubli” semble résider dans le qualificatif même de la tournée : « XXL ». Lorsqu’un artiste de la stature d’Orelsan annonce un spectacle de cette envergure, cela implique des exigences logistiques et techniques drastiques, souvent incompatibles avec les infrastructures existantes en Bretagne.

Le Zénith de Rennes, la salle la plus emblématique de la région pour les concerts de cette taille, atteint ses limites. Avec une capacité maximale qui avoisine les 6 000 à 7 000 spectateurs en configuration maximale, il est probablement jugé trop petit pour absorber la demande massive générée par Orelsan pour un show aussi attendu. Le « XXL Tour » est conçu pour remplir les grandes Arenas de nouvelle génération ou les Zeniths surdimensionnés qui peuvent accueillir entre 8 000 et 15 000 personnes.

Les villes retenues, comme Nantes, possèdent des salles capables de s’adapter à ces scénographies monumentales, nécessitant de vastes plateaux techniques, des hauteurs sous plafond importantes et une logistique d’accès adaptée à des dizaines de semi-remorques transportant le matériel. La Bretagne accuse ici un retard criant.

Certes, il y a le Roazhon Park, le stade de Rennes, mais transformer une enceinte sportive en salle de concert est une opération complexe et coûteuse, souvent réservée aux artistes comme Mylène Farmer ou Indochine, qui peuvent garantir des dizaines de milliers de spectateurs sur plusieurs soirs. Pour une tournée XXL à l’intérieur des terres, c’est l’Arena qui manque cruellement. Bien que Brest ait récemment inauguré une nouvelle Arena (l’Arkéa Arena), sa capacité et son positionnement géographique n’ont visiblement pas suffi à convaincre la production d’Orelsan d’y inclure une date, concentrant l’effort logistique sur des villes plus centrales et mieux desservies, ou dotées de structures encore plus imposantes.

Ce dilemme technique se traduit par une réalité amère : pour les superstars d’aujourd’hui, la Bretagne est considérée comme non rentable ou, pire, logistiquement trop contraignante pour le gigantisme de leurs productions. Le public, lui, est là, mais l’écrin manque.

Et nous alors ? » : pourquoi Orelsan ne viendra pas en Bretagne lors de sa  prochaine tournée XXL | Le Télégramme

La Colère Sourde et l’Exode Forcé des Fans

 

L’impact émotionnel de cette omission est puissant. Les réseaux sociaux sont inondés de messages de fans qui expriment leur frustration. Le sentiment dominant est celui de l’abandon. Orelsan, dont les paroles parlent souvent du quotidien et des réalités provinciales, est perçu comme celui qui comprend la France des marges et des périphéries. En privilégiant les très grandes métropoles au détriment de ses fidèles bretons, il rompt, bien malgré lui, ce pacte de proximité.

Pour les milliers de personnes qui avaient coché les cases Rennes, Brest ou Lorient sur leur calendrier mental, la seule option restante est l’exode. Les fans de la région devront se résoudre à prendre la route, à payer des billets de train, des hôtels, pour aller applaudir leur idole à Nantes, le point de chute le plus proche, ou même plus loin. Cet exode forcé ajoute non seulement un coût financier considérable pour les ménages, mais il symbolise aussi une forme d’inégalité culturelle. Pourquoi les spectateurs bretons devraient-ils toujours faire plus d’efforts, de kilomètres et dépenser plus d’argent que les Lyonnais ou les Bordelais pour assister à un concert ?

Cette situation crée un profond sentiment de déclassement culturel. La Bretagne, riche de son histoire musicale et de ses festivals légendaires (Vieilles Charrues, Route du Rock), se retrouve paradoxalement à la traîne sur le circuit des grandes tournées en salle. Le message est clair : la demande locale ne suffit pas si elle n’est pas accompagnée par une infrastructure capable d’accueillir les standards de production actuels.

 

Au-delà d’Orelsan : Le Débat sur les Infrastructures

 

L’absence d’Orelsan est le symptôme d’un problème plus vaste : l’insuffisance des équipements culturels à grande échelle en Bretagne. Le Zénith de Rennes a beau être un lieu essentiel, il est dépassé par les formats XXL des spectacles contemporains.

Le débat sur la construction d’une nouvelle Arena de grande capacité revient régulièrement sur le tapis. Les élus locaux sont souvent réticents à engager de tels investissements, jugés trop lourds et potentiellement non rentables en dehors des quelques dates annuelles de très grandes stars. Or, l’exemple d’Orelsan montre que ce manque a un coût direct, non seulement économique (la perte de recettes pour la ville d’accueil), mais surtout culturel et social (la frustration des habitants).

L’Arena de Brest, bien que récente, ne semble pas avoir suffi à attirer ce type de tournée ultra-demandée, possiblement en raison de sa position excentrée. Il faudrait un consensus politique et un investissement massif pour doter Rennes d’une véritable infrastructure capable de rivaliser avec les grandes salles de Nantes ou de Bordeaux.

En attendant, les fans bretons doivent encaisser la pilule amère. Si un artiste de la popularité d’Orelsan, dont le public est si large et fidèle, ne parvient pas à trouver une date en Bretagne, qui le pourra ? Ce sentiment de relégation est d’autant plus difficile à accepter que le public de l’Ouest a toujours été un moteur dans la carrière des grands artistes français.

L’espoir réside désormais dans une hypothétique vague de rattrapage, une deuxième salve de dates annoncée ultérieurement, ou un geste symbolique fort de la part de l’artiste, peut-être lors d’un festival estival. Mais pour l’heure, le silence d’Orelsan sur cette omission et la réalité froide des 19 dates annoncées suffisent à transformer l’excitation du « XXL Tour » en une amère attente pour toute une région. La Bretagne est debout, mais son cœur de fan est blessé.

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