Mesdames, messieurs, pendant des décennies, il a chanté l’amour, l’Amérique, la solitude des grandes routes. Mais aujourd’hui, c’est un tout autre refrain que nous livre Eddie Mitchell. À 83 ans, l’icône du rock français dévoile une liste noire. Cinq noms, cinq figures qu’il affirment ne jamais pouvoir pardonner.
Ce n’est pas une lubie d’un vieil homme aigri, c’est l’aboutissement d’années d’amertume, de silence gardé au nom de l’amitié, de blessures laissées ouvertes. Dans l’ombre du deuil de Johnny Haliday, son ami de toujours, Mitchel a vu l’héritage artistique transformé en marchandises, les valeurs du rock trahi et l’honneur de la famille piétinée.
Aujourd’hui, il parle et ce qu’il révèle secoue tout un pan de la scène musicale française. Car parfois même les légendes ne peuvent plus se taire et quand elles parlent, c’est tout un monde qui vaille. Né 1942 à Paris sous le nom de Claude Moine, Eddie Mitchell a grandi dans le quartier populaire de Belleville, bercé par les disques américains de son père.
Très jeune, il tombe amoureux du rock and roll. Cette musique venue d’outre atlantique qui changera à jamais le visage de la scène française. À la fin des années 1950, il fonde les chaussettes Noires, groupe mythique qui fait découvrir au public français une énergie nouvelle, un son sauvage et effronté. Le succès est fulgurant.
Discle d’or, tournées endiablées, hystérie des fanes. Mais Eddie, lucide et exigeant, quitte rapidement la formation. pour se lancer en solo dès 1963. Sa carrière individuelle est marquée par une liberté totale. Il refuse d’être catalogué et explore tour à tour le Rabilly, la country, le blues et même la chanson française.
Il enregistre à Njeeville, travaille avec des musiciens américains et impose un son unique très loin des standards hexagonaux. Au fil des décennies, il devient qu’une figure incontournable, adulé pour sa voix grave, sa classe naturelle et son humour pince sans rire. Ces titres comme Sur la route de même fils ou la dernière séance deviennent des classiques indommables, inscrivant son nom dans le patrimoine musical français.
Mais Eddie Mitchell, c’est aussi un homme de cinéma. Il joue dans plus d’une cinquantaine de films, souvent dans des rôles de personnages taciturne, blissé, entiers. Il est nommé au César pour coup de torchon de Bertrand Tavernier, prouvant qu’il est bien plus qu’un chanteur reconverti. Il s’illustre également à la télévision, notamment avec l’émission La dernière séance, hommage aux vieux films américains qui l’affectionnent tant.
à travers tous ces projets une constante, la fidélité à ses goûts, à son éthique et à son indépendance artistique. Mais derrière cette trajectoire impressionnante se cache aussi un homme d’une grande pudeur. Loin des projecteurs, il cultive la discrétion sur sa vie privée. Père de famille, mari fidèle, il refuse les excès médiatiques et ne se prête que rarement au jeux des interviews.
Cette posture renforce encore son aura. celle d’un artiste intègre, un monsieur du showbsiness, respecté même par ceux qui ne partagent pas ses idées. C’est dans cette logique qu’il s’engage après la mort de Johnny Alidé. Ami de toujours, compagnon de scène et de route, Johnny n’était pas un simple collègue.
Eddie Mitchell est même le parrain de Laurasm, fille aînée du Tollier. Leur lien était plus qu’artistique, fraternel. Alors, quand éclate la polémique sur l’héritage de Johnny et que les enfants du rockur sont écartés du testament, Mitchell ne peut rester silencieux. Il entre dans la mêlée non pas pour créer du scandale, mais par loyauté.
Cette prise de position va marquer une rupture irréversible avec certains proches de jeunis, notamment sa léisine. Et c’est à partir de ce moment que Eddie Mitchell cesse d’être simplement une figure consensuelle de la musique. Il devient aussi la voix d’un désaccord profond, d’un combat moral, d’un refus de laisser les choses se faire au nom du silence ou du compromis.
Et à 83 ans, cet homme que l’on pensait à la retraite médiatique choisit contre toute attente de reprendre la parole. Le 5 décembre 2017, la France perd Johnny Aliday. Dans l’émotion collective qui submerge le pays, Eddie Mitchell garde d’abord le silence. Il ne s’exprime pas dans les médias.
Il ne participe pas au concert hommage et son absence lors de certaines cérémonies fait murmurer. Mais ce n’est pas du désintérêt, c’est de la douleur. Car pour lui Johnny n’était pas un monument national, c’était un frère, un ami de 50 ans, un homme qui l’a vu chuter, se relever, aimer, trahir et vieillir dans la peur de mourir oublié. Leur relation tissé sur scène comme dans la vie avait connu des hauts et des bas, mais elle reposait sur une fidélité profonde, presque instinctive.
Ce n’est que quelques mois plus tard que Mitchell brise sa réserve et ce qu’il dit alors fait l’effet d’un coup de point. Il s’attaque non pas à la mémoire de Johnny, mais à ce qu’on en a fait. À ses yeux, la construction postume orchestrée par Latitia Alidé, la veuve du chanteur est une trahison. Il parle de marchandisation du deuil, de mise en scène morbide, de détournement d’héritage, des mots dur mais qui viennent d’un homme blessé.
Ce n’est pas Johnny que je vois là, c’est une légende impactée, prête à la vente, dira-t-il plus tard. Le point de rupture, la découverte du testament américain de Johnny qui lègue l’ensemble de ses biens à Latitia en excluant totalement ses enfants aînés, Laura Smet et David Alidé. Pour Mitchell, c’est une claque. Non seulement parce qu’il est le parrain de Laura, mais surtout parce que cela heurte une valeur à laquelle il tient plus que tout. La famille.
Il prend position publiquement, déclare que jamais un père ne devrait désavouer ses enfants et apporte un soutien sans ambiguïté aux deux exclus du testament. Ce choix l’isole. Il sait que certains anciens proches de Johnny lui tournent le dos, mais il s’en moque. Il dit agir par conscience. Et puis il y a ce qu’il appelle la défiguration de Johnny, le fameux monument Harley Davidson installé devant la corena qu’il juge ridicule et obsène, les albums postes qu’il trouve vide dâts hommage qu’il kermesse commercial tout
cela le révulse. À ses yeux, on efface l’homme pour mieux vendre le mythe. Johnny détestait qu’on parle de lui comme d’un produit. Il voulait qu’on l’aime pour ce qu’il était, pas pour ce qu’il représentait. insiste-t-il. Dans cette guerre symbolique, Eddie Mitchell apparaît comme l’un des derniers gardiens d’une certaine idée du rock.
Celle qui place l’authenticité au-dessus du profit, la loyauté au-dessus du storytelling. Mais sa parole ne s’arrête pas là. Il vise également l’industrie musicale elle-même. Il accuse les maisons de disque d’avoir attendu la mort de Johnny pour inonder le marché de réédition de coffrets spéciaux d’inédit douteux. Ils n’ont pas attendu qu’il soit froid pour le découper en vinyle, lâchet-il en jour devant des journalistes à Bassourdi.
Les tensions atteignent leur paroxisme lorsque Latitia à l’idée tente de réhabiliter son image en apparaissant dans des interviews, dans des documentaires, en organisant des soirées hommage à Los Angeles. Mitchell, invité à plusieurs reprises, décline systématiquement. Il ne veut pas cautionner ce qu’il appelle la mascarade et dans les coulisses, il coupe tout contact avec elle.
Ce qui était autrefois une relation cordiale devient une fracture profonde, irréversible. Il ne s’en cache plus. Il ne cherche pas à lisser le discours. Il assume son hostilité. Mais derrière cette colère, il y a un homme qui se sent abandonné. Car au fond, il n’en veut pas qu’à Latitia, il en veut aussi à Johnny. Même s’il ne le dit jamais frontalement, certains de ses propos laissent transparaître une déception amère, celle d’un ami trahi.
“Il aurait dû savoir ce qu’il laissait derrière lui”, glisse-t-il dans un entretien. Et c’est peut-être là, dans cette phrase presque étouffée, que se cache la vraie blessure. Le silence d’Ed Mitchell n’a jamais été synonyme de faiblesse. Au contraire, lorsqu’il parle, c’est pour frapper là où cela fait mal. Après avoir vu l’héritage de Johnny se transformer en guerre médiatique et commerciale, il choisit de ne plus détourner les yeux.
Son premier coup d’éclat public vient lors d’une interview donnée en 2019 où il qualifie la gestion de l’image poste de Johnny de vulgaire et indigne. Les mots sont durs mais calibrés, choisis. Car Eddie Mitchell sait que son nom, sa voix ont encore du poids. Il ne crie pas. Il déclare calmement mais sans aucune concession.
La tension monte un cran lorsqu’il critique frontalement le monument Harley Davidson installé devant l’accord Arena. Là où certains y voi un hommage grandiose, lui y lit une caricature. Ce n’est pas Johnny, c’est un Disneyland mortuaire. Cette phrase reprise en boucle par les médias choque, mais elle révèle son écœurement face à ce qu’il perçoit comme une trahison de l’esprit rock and roll.
Il accuse ceux qui prétendent honorer Johnny de ne faire que l’exploiter et ce n’est que le début. De les moiti Mitchell refuse de participer à toutes les opérations liées à la mémoire officielle de Johnny. Album, postume, concert hommage, documentaire. À chaque proposition, il répond par un silence ferme ou une phrase cinglante.
Je n’ai pas envie de me déguiser en nostalgie rentable, lâche-t-il un jour. Une déclaration qui vise autant les producteurs que certains anciens amis de Johnny qu’il jugent opportunistes. Sans les nommer, il dénonce un cercle d’hypocrisie qui transforme le deuil en business. Mais c’est sur le plan familial que le drame prend toute son ampleur.
Quand Laura Smet, sa fille, entame une bataille judiciaire contre Latitia Hidayet pour contester le testament, Eddie Mitchell devient son plus fervant soutien. Il assiste à certaines audiences, apparaît à ses côtés lors de déclarations à la presse. Il ne joue pas le rôle de star, mais celui d’un homme de famille. Dans un moment particulièrement émouvant, il affirme : “Je suis son parrain pas pour faire jolie.
Quand elle pleure, c’est moi qui suis censé la ponoler.” Les tensions atteignent leur apogé lors d’un échange indirect mais brutal avec Latitia. Cette dernière dans un entretien télévisé affirme que Johnny voulait protéger ceux qu’il aimait vraiment. Une phrase que Mitchell prend comme une attaque déguisé contre Laura et David.
Il réagit quelques jours plus tard dans une tribune publiée dans la presse. L’amour ne se mesure pas à la somme héritée. On ne protège pas en effaçant. La fracture est consommée. À partir de ce moment, Mitchell n’adressera plus jamais un mot ni un regard à Latitia Alid. Dans cette spirale de douleur et de déception, Eddie Mitchell s’ouvre aussi sur son propre rapport au pardon.
Dans un entretien à demi-confession, il dit “J’ai attendu des excuses pendant toutes ces années. Elles ne sont jamais venues.” Une phrase simple mais chargée d’une immense tristesse. Il avoue avoir espéré un moment de vérité, une reconnaissance des torts. Mais le monde du spectacle ne fonctionne pas ainsi. Les vérités sont maquillées, les blessures maquillées, les douleurs recyclées.
Et puis il y a cette phrase lancée presque en murmurant. Mon fils a grandi sans que Johnny ne vienne le voir. Une anecdote personnelle, intime, qui révèle l’amplaire du désenchantement. Car derrière les conflits d’héritage et les combats publics, il y avait aussi des silences plus profonds, des attentes jamais comblées, des absences qui blessent plus que des mots.
Et au milieu de tout cela, un homme Edie Mitchell qui n’a jamais cessé d’aimer mais qui aujourd’hui ne peut plus pardonner. Ce n’est qu’en 2025 dans un documentaire réalisé sans promotion tapageuse, Keddy Mitchell accepte enfin de revenir sur tout ce tumulte. Assis dans un fauteuil en cuirisé, face caméra, la voix fatiguée mais toujours posée, il égraine ses souvenirs avec une lucidité désarmante.
C’est là qu’il prononce ces mots : “Je ne leur pardonnerai jamais”. Il ne crie pas, il constate, il énonce ce qu’il considère comme une vérité intime et définitive. Sans détour, il dresse la liste de ceux qui selon lui ont trahi l’esprit de Johnny ou profité du silence des morts. En tête, Latitia Alidet pour avoir brisé la famille et utiliser l’image de Johnny comme un levier marketing.
Puis vient l’industrie du disque qu’il accuse d’avoir exploité jusqu’à l’essoufflement chaque note enregistrée, même les chutes de studio jamais finalisées. Il évoque aussi certains producteurs de spectacles responsables selon lui de transformer le deuil en show et il est média peopleol qu’il tient pour complice de cette mise en scène permanente.
Mais plus bouleversant encore, il mentionne Johnny lui-même. Ce nom, il le prononce après un long silence. Oui, même lui. Je ne lui en veux pas, mais je ne peux pas lui pardonner ce qu’il a laissé derrière lui. C’est la confession la plus poignante, celle d’un ami meurtri. Non pas par la mort, mais par le leg moral laissé en suspend.
Il n’y a ni haine ni rancune dans sa voix, seulement une immense fatigue. Et pourtant dans cette nuit de souvenirs sombres, une lueur perse. Il parle de Laura, de David, de leur courage, de leur dignité. Il parle aussi de sa propre fille, de l’importance de garder les vivants au cœur. Il dit qu’il ne regrette rien, mais qu’il aurait aimé que les choses se passe autrement, que Johnny parte en paix, que la famille reste unie, que le rock garde son âme.
À la fin du documentaire, il lève les yeux et conclut simplement : “Ars tout, il ne reste que la famille, mesdames, messieurs, et parfois la douleur ne s’oublie pas.” Chers téléspectateurs, il existe des blessures que ni le temps ni la gloire ne peuvent refermer. À 3 ans, Eddie Mitchal ne cherche plus à plaire ni aménager.
Il dit ce qu’il a à dire avec la gravité d’un homme qui a tout vu, tout entendu, tout support. Ce qu’il partage aujourd’hui, ce n’est pas une vengeance, c’est un dernier acte de loyauté, une manière de rendre justice à une mémoire abîmée, à une vérité silencieuse, à une amitié transformée en combat. Mais alors, le pardon a-t-il encore sa place lorsque la déception vient de ce qu’on aimait le plus ? Peut-on effacer l’humiliation d’un testament, la marchandisation d’un être aimé, les silences qui hurlent plus forts que les cris ? Ou bien faut-il,
comme Eddie Mitchell, simplement tracèrent une ligne et ne plus jamais revenir en arrière ? La célébrité offre les plus belles scènes mais cache parfois les drames les plus amers. Et derrière les projecteurs, il reste des hommes, des cœurs et des larmes que personne ne filme. Mesdames, messieurs, parfois ce ne sont pas les chansons qui font pleurer, mais la vérité qu’elles n’ont jamais osé dire. M.