La maison abandonnée de Georges Pernoud, là où il est mort, et sa valeur nette

 

un peu un peu en dessous du niveau de l’eau. Mesdames, messieurs, le 10 janvier 2021, George Pernou s’est éteint dans un établissement de soins emporté par la maladie d’Alzheimer. Pendant plus de 40 ans, il a incarné Talassa, l’émission maritime culte de France I, marquant l’histoire audiovisuelle française de son empreinte.

 Pourtant, malgré cette carrière exceptionnelle, aucune cérémonie officielle ne lui a été consacrée. Aucun hommage national, aucune prise de parole institutionnelle forte. Sa mort, relayée sobrement par les médias, a surpris par sa discrétion. Un contraste saisissant avec la popularité dont il jouissait auprès du public.

 Pourquoi un homme ayant tant contribué à la culture télévisuelle a-t-il disparu dans un relatif silence républicain ? Est-ce le destin réservé aux figures du service public ou le reflet d’une époque qui oublie vite ses bâtisseurs tranquilles ? Ce soir, nous revenons sur le parcours d’un homme qui a fait naviguer les esprits mais dont le départ n’a fait aucune vague.

 George Pernou né le 11 août 1947 à Rab au Maroc alors sous protectorat français. Fils de militaire, il grandit dans un univers ordonné mais s’évade rapidement par l’image. Il s’oriente vers le journalisme et entre à l’ORTF dans les années 1970 comme cadreur. Un métier qui le mène à filmer les profondeurs et les confins du monde.

 C’est l’heure de l’expédition de l’Académie des Sciences sur le bateau La Calypso en 1973 qu’il découvre sa passion pour la mer. Cette immersion donne naissance à Talasa, une émission dédiée au monde maritime qu’il crée en 1975 et commence à présenter en 1980. Ce programme devient rapidement un pilier du service public avec son ton humaniste, son rythme contemplatif et sa fidélité au récit de ceux qui vivent de l’océan.

 Pendant plus de 40 ans, Talasa traverse les époques, les changements de direction, les crises d’audience. Mais George Pernou reste imperturbable, fidèle à son cap. Son style est sobre, presque effacé, mais c’est justement cette retenue qui touche les téléspectateurs. Il parle peu de lui, donne la parole aux pêcheurs, aux scientifiques, aux habitants des littoraux.

 Son crédau ? Racontait la mère en racontant les gens. En coulisse, il se bat pour défendre l’indépendance éditoriale de l’émission. Il refuse les effets de mode, reste à distance des jeux politiques qui traversent l’audiovisuel public. Ce choix lui vaudra parfois des tensions avec sa hiérarchie, notamment lors des réorganisations internes à France Télévision.

 Il reçoit la Légion d’honneur en 2007, discrètement, sans grande couverture médiatique. C’est à cette époque que les premières difficultés apparaissent. Certains responsables de chaînes trouvent Talassa vieillissante. On lui change d’horaire, de format, de direction artistique. Pernou résiste, tente de préserver l’âme du programme, mais l’usure finit par le rattraper.

 En 2017 à ans, il annonce son départ. Une page se tourne dans l’histoire de la télévision française. Lors de sa dernière émission, il remercie son équipe avec émotion mais sans phase. Aucun grand hommage, aucune rétrospective ne lui est alors consacrée. Il quitte les écrans comme il les a toujours abordés avec pudeur. Derrière cette trajectoire exemplaire se cache une fragilité.

 George Pernou, s’il a passé sa vie à mettre en lumière les autres, s’est peu exprimé sur lui-même. Son entourage parle d’un homme sensible, parfois affecté par les critiques, profondément attaché à son équipe. Après son retrait, il se fait discret, vivant ài sur scène avec sa femme Monique. C’est là que la maladie commence à s’imposer.

 L’Alzheimer progresse lentement mais inexorablement jusqu’à l’éloigner totalement de la vie publique. L’homme qui avait documenté la mémoire collective perd peu à peu sa propre mémoire. Ce déclin silencieux ajoute une résonance tragique à son parcours. Celui qui nous a appris à regarder le monde ne pouvait plus en garder la trace.

 Le dimanche 10 janvier 2021, George Pernou s’éteint dans une maison médicalisée située en région parisienne. L’annonce de son décès transmise par sa famille à la FP évoque une longue maladie. Il souffrait de la maladie d’Alzheimer depuis plusieurs années. Une information jusque-là peut médiatisée. Aucun communiqué de France Télévision n’avait signalé son état de santé et peu de journalistes avaient eu accès à son entourage depuis son départ de Talasa en 2017.

 Pour beaucoup, sa mort est donc une surprise. Il était sorti des écrans mais pas des mémoires. L’établissement où il résidait n’a pas été nommé publiquement. Selon les proches, George Pernou avait progressivement perdu ses repères, son autonomie et n’était plus en mesure de suivre ce qui se disait de lui. Il avait cessé toute apparition publique dès 2018.

 Son épouse, Monique l’a accompagné tout au long de cette période difficile, préférant préserver l’intimité familiale plutôt que d’exposer l’homme au regard extérieur. Le choix du silence s’est imposé comme une forme de fidélité à sa pudeur naturelle. La nouvelle tombe en début de soirée. Les premières dépêches de presse sont sobres, parfois expéditives.

 Les chaînes d’information évoquent sa disparition mais sans édition spéciale ni interruption de programme. France I pourtant sa maison de cœur lui consacre un court sujet dans le journal télévisé. Aucun plateau hommage, pas de rediffusion de ses émissions dans l’immédiat. Ce traitement médiatique étonne les fidèles de Talassa, dont certains s’indignent sur les réseaux sociaux.

 Il a fait partie de nos vies et on le laisse partir dans la différence, peut-on lire sur Twitter. La cause officielle du décès reste la dégradation liée à la maladie neurodégénérative. Il n’a pas été hospitalisé brutalement ni placé en réanimation. Il s’était un paysablement selon sa famille, mais la discrétion des circonstances nourrit un sentiment de vide.

 Aucun collègue emblématique n’est invité sur les plateaux pour témoigner. Aucune minute de silence n’est observée sur les chaînes du service public. Il faudra attendre plusieurs jours pour que certaines voies comme celle de Fanny Agostini ou Laurent Bignola expriment publiquement leurs regrets. La classe politique, elle aussi reste étonnamment meette.

 Pas de tweet du président de la République, pas de message officiel du ministre de la culture. Une absence remarquée, surtout lorsqu’on la compare aux hommages prononcés pour d’autres figures de la télévision disparu récemment. Cette carence alimente une forme d’incompréhension. Pourquoi tant de retenu pour un homme ayant incarné une émission aussi emblématique ? L’enterrement a lieu dans l’intimité à Neuill sur scène, là où il résidait.

 Pas de cortège public, pas de caméra. La famille a refusé toute médiatisation, ce que la presse a respecté. Aucun enregistrement, aucun hommage télévisé en direct. Plusieurs anciens collaborateurs dont quelques réalisateurs de Talasa y assistent discrètement. Mais là encore, l’image de l’homme qui emmenait les Français autour du monde semble s’éloigner dans le brouillard.

 Ce n’est qu’en février 2021 qu’une première rediffusion symbolique a lieu. France I programme un ancien épisode de Talasa. Consacré aux tempêtes maritimes. Un choix fort mais tardif. En 2025, une nouvelle vague d’émotion surgit avec la reprise d’une collection spéciale les grands voiliers en hommage à l’émission.

 Les images d’archives, la voix de George Pernou, la musique du générique, tout cela éveille une nostalgie puissante. Des téléspectateurs plus jeunes découvrent son style. D’anciens reportages circulent à nouveau sur les réseaux. Une génération redécouvre ce qu’il avait construit. Mais ce retour en grâce ne fait qu’accentuer le paradoxe.

 Pourquoi un homme ayant tant donné au service public a-t-il reçu si peu un retour à l’instant ultime ? Étace le reflet d’un monde médiatique pressé tourné vers d’autres figures ou bien la conséquence d’un choix personnel d’effacement ? Ce mystère persiste comme une brume qui flotte sur le rivage d’une mémoire nationale incomplète.

 Lorsque George Pernou disparaît en janvier 2021, peu d’informations circulent sur la situation exacte de son patrimoine. Contrairement à d’autres personnalités médiatiques, il n’a jamais fait l’objet de couverture dans la presse économique ou mondaine. Homme discret par nature, il a toujours tenu sa vie privée à l’écart de son exposition publique.

 Ce silence prolongé se prolonge même après sa mort. Aucun chiffre officiel n’ait été communiqué concernant la valeur de sa fortune, ni par sa famille, ni par des sources judiciaires ou fiscales. On sait cependant que George Pernou résidait depuis de nombreuses années à Neï sur scène, l’une des communes les plus upées de la région parisienne.

 Il y vivait avec son épouse Munique dans un appartement modeste mais confortable. Aucune trace de propriétés multiples de villa à l’étranger ou de collection d’horl d’art dans les registres publics. Son mode de vie est resté fidèle à l’image qu’il renvoyait à l’écran. Simple, stable, sans extravagance. Il ne faisait pas partie de ces figures télévisuelles qui monétisent leur notoriété ou multiplient les apparitions commerciales.

Concernant ses revenus, sa longue carrière sur Talasa lui assurait un salaire régulier en tant que producteur et présentateur. Il aurait également perçu des droits d’auteur ou des revenus de production liés à la vente internationale des documentaires de l’émission diffusé dans plusieurs pays francophones. Cependant, ces revenus restent difficilement quantifiables en l’absence de données officielles.

 Aucun conflit successoral n’a été rapporté dans la presse après son décès, ce qui tend à confirmer une situation successorale claire et maîtrisée. L’héritage aurait été transmis à son épouse et à ses deux filles, Julie et Fanny, dans le cadre d’une succession classique. Là encore, la discrétion a prévalu.

 Aucun recours juridique n’a été enregistré, ni litige public, ni opposition. Aucune déclaration de renoncement à succession n’a été déposée comme cela peut parfois arriver en cas de passif ou de conflits familiaux. Tout semble indiquer une transmission en douceur sans heure ni contestation. Il est à noter que George Pernou, fidèle à son engagement en faveur de la mère, aurait soutenu durant sa vie plusieurs associations maritimes et environnementales, notamment liées à la préservation du littoral ou à la mémoire des gens de mer. Néanmoins, aucune

fondation à son nom n’a été créée à ce jour. Il n’a laissé ni destis ni leg institutionnel marquant, ce qui renforce encore l’impression d’un départ silencieux. L’un des seuls éléments tangibles du patrimoine symbolique de George Pernou reste le fond d’archive audiovisuel de Talassa.

 Des milliers de reportages tournés entre 1975 et 2017 dans plus de 100 pays constituant un véritable trésor documentaire. Ces archives sont la propriété de France Télévision, mais leur conservation et leur valorisation sont aujourd’hui un enjeu. Plusieurs anciens collaborateurs militent pour qu’une partie de ces contenus soient accessibles librement en ligne, voire intégré à un musée de la mer ou de l’image.

 À ce jour, aucune décision officielle n’a été prise. Ainsi, le patrimoine de George Pernou n’est pas marqué par des chiffres impressionnants, mais plutôt par une continuité de valeur, rigueur, discrétion, fidélité à une mission de service public. Son héritage n’est pas un empire mais une mémoire collective, un leg de millions d’euros mais de milliers de souvenirs.

La disparition de George Pernou soulève une question troublante chers téléspectateurs. Comment un homme ayant incarné pendant plus de 40 ans l’âme du service public peut-il s’éteindre dans une indifférence presque institutionnelle ? À travers lui, c’est tout un pan de la télévision française qui semble avoir été oublié.

L’absence d’hommage national de reconnaissance officielle reflète-telle un glissement plus large dans notre manière de traiter ceux qui ont œuvré dans la durée loin du tumulte médiatique ? L’époque a changé. Aujourd’hui, la célébrité se mesure en visibilité instantanée, en viralité, en fracas numérique.

 George Pernou appartenait à une autre temporalité, celle de la constance, de la fidélité aux spectateurs, de l’émotion silencieuse. Il n’avait ni scandale, ni stratégie d’image, ni compte Instagram. Il ne criait pas, il racontait. Ce profil devenu rare peut-il encore susciter l’admiration dans une société qui consomme les figures publiques comme des produits périssables ? Son décès soulève aussi la question du rapport entre notoriété et reconnaissance d’état.

 Qui décide qu’un animateur mérite un hommage officiel ? Est-ce longévité, l’audience, l’influence culturelle ? Dans le cas de George Pernou, tous ces critères semblent réunis et pourtant il n’y eut rien, pas même une rediffusion immédiate en primetime. Est-ce le prix à payer pour une carrière sans bruit, sans réseau, sans lobbing ? Plus profondément, cette affaire interroge notre rapport collectif à la mémoire.

Talasa faisait œuvre de transmission. Chaque épisode documentait une culture, un territoire, une voix oubliée. En cela, George Pernou fut un passeur. Son rôle allait bien au-delà du simple divertissement. Il a contribué à forger une conscience maritime, une attention aux réalités humaines souvent invisibles.

 Sa mise à l’écart soudaine après 2017, puis le silence de 2021 disent quelque chose de notre époque. L’oubli va vite, surtout quand il n’est pas médiatiquement rentable de se souvenir. En 2025, la redifflusion des épisodes Grand Voilier sur France I a suscité une vague d’émotion inattendue. Des messages d’internautes, des anciens marins, des jeunes étudiants en géographie ou en biologie marine ont afflué. Tous disaient la même chose.

 On avait oublié combien Thalasa nous faisait rêver. Ce surceut de mémoire collective montre que l’héritage de George Pernou demeure vivant. Mais il aura fallu 4 ans et une initiative éditoriale isolée pour qu’il refasse surface. En définitive, le Capernou révèle une tension majeure dans notre société entre mémoire et oubli, entre bruit et silence, entre reconnaissance publique et disparition discrète.

 Et si la vraie célébrité, celle qui touche, celle qui dure, était justement celle qui n’a pas besoin de projecteur pour survivre. Mesdames, messieurs, George Pernou s’est effacé comme il avait vécu dans la retenue. Aucune musique solennelle, aucun cortège, aucun discours présidentiel. Mais dans les foyers français, sa voix raisonne encore.

 Ce timbre calme, curieux, bienveillant qui nous emmenait chaque semaine à la rencontre d’un monde plus vaste, plus profond, plus humain. Il n’a peut-être pas reçu les honneurs de la République, mais il a eu ce plus intime d’un peuple de téléspectateurs qui l’ont suivi pendant des décennies. À l’heure où le bruit l’emporte sur le fond, où l’oubli gagne du terrain, son parcours nous rappelle que la grandeur ne se mesure pas en décibelle.

 Il n’avait pas besoin d’éclat pour laisser une trace. Il suffisait d’un regard sur l’horizon, d’un mot simple sur une vie de marin pour faire naître l’émotion. George Pernou n’a pas eu droit à un hommage national, mais à travers les souvenirs qu’il a semé, il continue de naviguer dans nos mémoire. Alors, chers téléspectateurs, souvenez-vous, il fut l’homme qui, sans jamais crier, nous a appris à écouter le monde.

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